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Le Testament de Job

Divrei Lyov

Le Testament de Job

Le Testament de Job (également appelé Divrei Lyov, qui signifie littéralement "Paroles de Job") est un livre écrit au 1er siècle avant ou après J.-C. (il fait donc partie d'une tradition souvent appelée "littérature intertestamentaire" par les érudits chrétiens). Le plus ancien manuscrit subsistant est en copte et date du 5e siècle ; d'autres manuscrits subsistent en grec et en vieux slavon. À la fin du 5e siècle, le Testament de Job fut reclassifié comme livre apocryphe par le décret de Gélase, concernant les livres canoniques et non canoniques. Par la suite, le Testament de Job fut ignoré par les auteurs catholiques romains jusqu'à ce qu'il soit publié en 1833 dans la série éditée par Angelo Mai (Scriptorum Veterum Nova Collectio Vol. vii, pp. 180-191). Le manuscrit de Mai était doublement titré: Testament de Job l'irréprochable, le vainqueur de nombreux combats, le sauvé (qui semble être le titre le plus ancien) et Le livre de Job appelé Jobab, sa vie et la transcription de son testament.


Chapitre 1

  1. Le jour où il tomba malade et où il sut qu'il devrait quitter sa demeure corporelle, il convoqua ses sept fils et ses trois filles et leur parla ainsi:

  2. "Formez un cercle autour de moi, mes enfants, et écoutez; je vous raconterai ce que le Seigneur a fait pour moi et tout ce qui m'est arrivé.

  3. Car je suis Job, votre père.

  4. Sachez donc, mes enfants, que vous êtes la descendance d'un élu et prenez garde à votre noble naissance.

  5. Je suis un des fils d'Ésaü. Mon frère est Nachor, et votre mère est Dina. C'est par elle que je vous ai engendrés.

  6. Car ma première femme mourut avec mes dix autres enfants, dans des circonstances amères.

  7. Maintenant, écoutez, mes enfants, et je vous dirai ce qui m'est arrivé.

  8. J'étais un homme très riche, habitant l'Orient, dans le pays d'Ausitis (Utz), et avant que le Seigneur m'eût donné le nom de Job, je m'appelais Jobab.

  9. Voici donc comment commença mon épreuve.

  10. Il y avait près de ma maison l'idole d'un homme que le peuple adorait, et je voyais les holocaustes qu'on lui apportait continuellement comme à un dieu.

  11. Je réfléchis et me dis: "Est-ce là celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et nous tous? Comment connaîtrai-je la vérité?"

  12. Cette nuit-là, alors que je m'étais endormi, une voix se fit entendre et m'appela: "Jobab! Jobab, lève-toi, et je te dirai qui est celui que tu désires connaître.

  13. Celui à qui le peuple apporte des holocaustes et des libations n'est pas Dieu, mais c'est la puissance et l'œuvre du séducteur (Satan) par laquelle il égare le peuple".

  14. Lorsque j'entendis cela, je tombai par terre et je me prosternai en disant:

  15. "Ô mon Seigneur, Toi qui parles pour le salut de mon âme, je te prie, si tel est bien le cas, de m'en donner l'assurance. Si c'est l'idole de Satan, je t'en conjure, permets-moi d'aller la détruire et de purifier ce lieu.

  16. Nul ne peut m'en empêcher, car je suis le roi de ce pays, afin que ceux qui l'habitent ne soient plus égarés.”

  17. La voix qui sortait de la flamme me répondit: "Tu peux purifier ce lieu.

  18. Mais voici que je t'annonce ce que l'Éternel m'a ordonné de te dire, car je suis l'archange du Seigneur".

  19. Je dis: "Tout ce qui sera dit à son serviteur. Je l'entendrai.”

  20. Et l'archange me dit: "Ainsi parle le Seigneur. Si tu entreprends de détruire et d'enlever l'image de Satan, il se mettra en colère et te fera la guerre, et il déploiera contre toi toute sa malice.

  21. Il fera venir sur toi des fléaux nombreux et violents, et il te dépouillera de tout ce que tu possèdes.

  22. Il t'enlèvera tes enfants, et il t'infligera beaucoup de maux.

  23. Alors tu devras lutter comme un athlète et résister à la douleur, avec l'assurance de ta récompense, en surmontant les épreuves et les afflictions.

  24. Mais si tu résistes, je rendrai ton nom célèbre dans toutes les générations de la terre, jusqu'à la fin du monde.

  25. Je te rétablirai tout ce que tu avais, et le double de ce que tu perdras te sera donné, afin que tu saches que le Seigneur ne tient pas compte de la personne, mais qu'il donne à chacun ce qu'il mérite.

  26. À toi aussi il sera donné, et tu seras revêtu d'une couronne d'amarante.

  27. Et à la résurrection, tu te réveilleras pour la vie éternelle. Alors tu sauras que le Seigneur est Juste, Fidèle et Puissant".

  28. Ce à quoi, mes enfants, j'ai répondu: " Par amour de Dieu, je vais endurer jusqu'à la mort tout ce qui m'arrivera, et je ne reculerai pas".

  29. Alors l'ange me marqua de son sceau et me quitta.


Chapitre 2

  1. Après cela, je me suis levé nuitamment, j'ai pris cinquante serviteurs, je suis allé au temple de l'idole et je l'ai entièrement détruite.

  2. Puis, je suis ensuite retourné dans ma maison et j'ai donné l'ordre de bien fermer la porte, en disant à mes portiers:

  3. Si quelqu'un me demande, ne m'apportez pas de rapport, mais dites-lui: il est à l'intérieur en train de s'occuper des affaires urgentes”

  4. Alors Satan se déguisa en mendiant et frappa lourdement à la porte, disant à la servante:

  5. "Va voir Job et dis-lui que je désire le rencontrer."

  6. La servante entra et me dit cela, mais elle apprit de moi que j'étais en train d'étudier.

  7. Le Malin, n'ayant pas réussi, s'en alla, et prenant sur son épaule une vieille corbeille déchirée, revint et parla à la servante en disant: Dis à Job, "Donne-moi du pain de tes mains afin que je mange".

  8. Lorsque j'entendis cela, je lui donnai du pain brûlé pour qu'on le lui donne, et qu’on lui dise: "Ne t'attends pas à manger de mon pain, car cela t'est interdit".

  9. Mais la servante, ayant honte de lui donner le pain brûlé et calciné, car elle ne savait pas qu'il s'agissait de Satan, prit de son propre pain de qualité et le lui donna.

  10. Il le prit et, sachant ce qui s'était passé, il dit à la jeune fille: "Va-t'en, mauvaise servante, et apporte-moi le pain qu'on t'a donné de me remettre".

  11. La domestique se mit à pleurer et à parler avec douleur: "Tu dis la vérité en disant que je suis une mauvaise servante, car je n'ai pas fait ce que mon maître m'avait ordonné".

  12. Et la servante revint sur ses pas, lui apporta le pain brûlé et lui dit: "Ainsi parle mon maître: Tu ne mangeras plus de mon pain, car cela t'est interdit.

  13. Et il m'a donné ceci [en disant: Je donne ceci] afin qu'on ne m'accuse pas de ne pas avoir donné à l'ennemi le pain qu'il me demandait.

  14. Lorsque Satan entendit cela, il me renvoya la servante en disant: "De même que tu vois ce pain complètement brûlé, de même je brûlerai bientôt ton corps pour le rendre identique".

  15. Je lui répondis: "Fais ce que tu veux et accomplis tout ce que tu souhaites. Car je suis prêt à endurer tout ce que tu m'imposeras".

  16. Quand le diable entendit cela, il me quitta et, s'avançant jusqu'au plus haut des cieux, il prêta serment au Seigneur d'avoir le pouvoir sur tous mes biens.

  17. Après avoir pris ce pouvoir, il s'en alla et, à l'instant même, il prit possession de toutes mes richesses.


Chapitre 3

  1. J'avais 130 000 brebis, dont j'avais séparé 7 000 pour l'habillement des orphelins, des veuves, des indigents et des malades.

  2. J'avais une meute de 800 chiens qui gardaient mes brebis, et 200 autres qui gardaient ma maison.

  3. J'avais 9 moulins pour toute la ville, et des navires pour transporter les marchandises ; je les faisais porter dans toutes les villes et dans les villages aux infirmes, aux malades et aux indigents.

  4. J'avais 340 000 ânesses nomades, dont 500 étaient gardées en réserve. J'ordonnai de vendre les petits de ces ânesses et de donner le produit de la vente aux pauvres et aux indigents.

  5. Car les pauvres venaient à ma rencontre de tous les pays.

  6. Les quatre portes de ma maison étaient ouvertes, chacune ayant à sa tête un gardien qui était chargé de surveiller si des gens venaient demander l'aumône, et s'ils me voyaient assis à l'une des portes, afin qu'ils puissent sortir par l'autre et prendre ce dont ils avaient besoin.

  7. J'avais aussi 30 tables fixes dressées à toute heure uniquement pour les étrangers, et 12 tables dressées pour les veuves.

  8. Et si quelqu'un venait demander l'aumône, il trouvait à manger sur ma table et prenait tout ce dont il avait besoin, et je ne laissais personne quitter ma porte l'estomac vide.

  9. J'avais aussi 3 500 attelages de bœufs, et j'en choisissais 500 que je faisais travailler au labourage.

  10. Avec ceux-ci, je faisais faire tous les travaux dans chaque champ par ceux qui voulaient bien s'en charger, et le revenu de leurs récoltes, je le mettais de côté pour les pauvres, sur leur table.

  11. J'avais en outre cinquante boulangeries d'où j'envoyais [le pain] à la table des pauvres.

  12. J'avais sélectionné des esclaves pour les servir.

  13. Par ailleurs, il y avait quelques étrangers qui, voyant ma bonne volonté, voulaient eux-mêmes devenir serveurs.

  14. D'autres, dans la détresse et dans l'impossibilité de gagner leur vie, venaient avec la supplique suivante:

  15. "Nous te prions, puisque nous pouvons nous aussi remplir cette fonction de serveurs (diacres) et que nous n'avons pas de biens, d'avoir pitié de nous et de nous prêter de l'argent afin que nous puissions aller dans les grandes villes et vendre des marchandises.

  16. Nous donnerons aux pauvres le surplus de nos bénéfices, puis nous te rendrons ton argent.

  17. Quand j'entendais cela, je me réjouissais qu'ils me prennent tout cela pour le consacrer à des œuvres de charité en faveur des pauvres.

  18. Je leur donnai donc de bon cœur ce qu'ils voulaient, et j'acceptai leur contrat écrit, mais je n'acceptai d'eux aucune autre garantie que le contrat écrit.

  19. Ils partaient à l'étranger et donnaient du temps aux pauvres, selon ce qu'ils réussissaient à faire.

  20. Cependant, il arrivait souvent que certains de leurs biens se perdent en route ou en mer, ou qu'ils soient volés.

  21. Ils revenaient alors et disaient: "Nous te prions de faire preuve de générosité à notre égard, afin que nous puissions voir comment nous pouvons restituer tes biens".

  22. Lorsque j'entendais cela, je sympathisais avec eux, je leur remettais leur contrat et, après l'avoir lu devant eux, je le déchirait et les libérais de leur dette, en leur disant: "Ce que j'ai consacré au profit des pauvres, je ne vous le prendrai pas."

  23. C'est ainsi que je ne recevais rien de la part de mes débiteurs.

  24. Lorsqu'un homme au cœur bien disposé se présentait à moi en disant: "Je ne suis pas dans le besoin et je n'ai pas besoin d'être contraint de travailler pour les pauvres.

  25. Mais je désire servir les nécessiteux à ta table", et qu'il acceptait de travailler, et de manger son repas.

  26. Alors je lui donnai son salaire, et je rentrai chez moi en me réjouissant.

  27. Et lorsqu'il ne voulait pas prendre son salaire, je le forçais à le faire, en disant: "Je sais que tu es un homme qui attend son salaire, et tu dois le prendre."

  28. Je n'ai jamais retardé le paiement du salaire d’un commis ou d'un autre, et je n'ai pas retenu dans ma maison, un seul soir, le salaire qui lui était dû.

  29. Ceux qui trayaient les vaches et les brebis faisaient signe aux passants de prendre leur part.

  30. En effet, le lait coulait en abondance et se changeait en beurre sur les collines et au bord des chemins; et sur les rochers et les collines reposaient les bêtes qui avaient donné naissance à leur progéniture.

  31. Car mes serviteurs se fatiguaient de prendre la viande des veuves et des pauvres et de la couper en petits morceaux.

  32. Malgré la bienveillance dont je faisais preuve à leur égard, ils murmuraient et disaient: "Si nous avions de cette viande, nous serions rassasiés".

  33. J'avais 6 harpes [et 6 esclaves pour jouer de la harpe], une cithare, et un accordéon, que je jouais pendant la journée.

  34. Je prenais la cithare, et les veuves chantaient après leur repas.

  35. Avec l'instrument de musique, je leur rappelais qu'elles devaient louer le Seigneur.

  36. Lorsque mes ouvrières murmuraient, je prenais les instruments de musique et je jouais autant qu'elles l'auraient fait pour leur salaire, puis je leur accordais un répit au milieu de leur labeur et leurs soupirs.


Chapitre 4

  1. Mes fils, après s'être chargés du service, prenaient chaque jour leur repas avec leurs trois sœurs, et commençant par le frère aîné, ils faisaient un festin.

  2. Je me levai le matin et présentais pour eux en sacrifice d'expiation 50 béliers et 19 brebis, et le reste était consacré aux pauvres.

  3. Je leur disais: "Prenez ce qui reste et priez pour mes enfants.

  4. Mes fils ont peut-être péché devant le Seigneur avec des paroles d’ arrogance disant: Nous sommes les enfants de ce riche. Tous ces biens sont à nous; pourquoi serions-nous les serviteurs des pauvres?

  5. En parlant ainsi avec arrogance, ils ont provoqué la colère de Dieu, car l'orgueil démesuré est une abomination devant le Seigneur.

  6. J'apportai donc des bœufs en offrande au prêtre sur l'autel, en disant: "Que mes enfants n'aient jamais de mauvaises pensées à l'égard des pauvres! "Que mes enfants n'aient jamais de mauvaises pensées envers Dieu dans leur cœur.

  7. Comme je vivais ainsi, le séducteur ne pouvait supporter de voir le bien [que je faisais], et il réclamait de Dieu la guerre contre moi.

  8. Alors il m'attaqua avec cruauté.

  9. Il brûla d'abord le grand nombre des moutons, puis les chameaux, puis le bétail et tous mes troupeaux; autrement, ils furent capturés non seulement par des ennemis, mais aussi par ceux qui avaient reçu des bienfaits de ma part.

  10. Les bergers vinrent me l'annoncer.

  11. Mais quand je I'ai sus, j'ai loué Dieu et je n'ai pas blasphémé.

  12. Le séducteur, ayant appris ma fermeté, forma contre moi de nouveaux projets.

  13. Il se transforma en roi de Perse, assiégea ma ville, et, après avoir capturé tous ceux qui s'y trouvaient, il leur tint des propos malveillants et hautains:

  14. "Cet homme, Job, qui a obtenu tous les bienfaits de la terre, n'a rien laissé aux autres, mais il a détruit et démoli le temple de Dieu.

  15. C'est pourquoi je lui ferai payer ce qu'il a fait à la maison du grand Dieu.

  16. Maintenant, venez avec moi, et nous pillerons tout ce qui reste dans sa maison."

  17. Ils lui répondirent: "Il a sept fils et trois filles.

  18. Prenez garde qu'ils ne s'enfuient dans d'autres pays, qu'ils ne deviennent nos tyrans et qu'ils ne nous écrasent par la force et ne nous tuent.

  19. Il répondit: "Ne craignez rien. J'ai détruit par le feu ses troupeaux et ses richesses, j'ai capturé le reste, et voici que je tuerai ses enfants.

  20. Ayant ainsi parlé, il alla faire tomber ma maison sur mes enfants et les tua.

  21. Mes concitoyens, voyant que ce qu'il avait dit était devenu vrai, vinrent me poursuivre et me dépouillèrent de tout ce qui se trouvait dans ma maison.

  22. Je vis de mes propres yeux le pillage de ma maison, et des hommes sans instruction et sans honneur s'assirent à ma table et sur mes sièges, et je ne pus pas leur objecter.

  23. Car j'étais épuisée comme une femme dont les reins sont relâchés par une multitude de douleurs, me souvenant surtout que cette guerre m'avait été prédite par le Seigneur, par l'intermédiaire de son ange.

  24. Je ressemblais à quelqu'un qui, voyant la mer agitée et les vents violents, jette à la mer le fardeau de son navire trop lourd au milieu de l'océan, en disant:

  25. "Je ne veux détruire tout cela que pour arriver sain et sauf dans la ville, afin de tirer profit du navire sauvé et de ce que j'ai de meilleur".

  26. C'est ainsi que j'ai géré mes affaires.

  27. Mais un autre messager vint m'annoncer la perte de mes propres enfants, et je fus saisi d'épouvante.

  28. Je déchirai mes vêtements et je dis: "Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Comme le Seigneur l'a jugé bon, il en a été ainsi. Que le nom du Seigneur soit béni".


Chapitre 5

  1. Et quand Satan vit qu'il pouvait sévir et me plonger dans le désespoir, il alla demander mon corps au Seigneur afin de me frapper d'un fléau, car le Malin ne pouvait supporter ma patience.

  2. Alors le Seigneur me livra entre ses mains pour qu'il use de mon corps à sa guise, mais il ne lui donna aucun pouvoir sur mon âme.

  3. Il vint à moi au moment où j'étais assis sur mon siège et pleurais encore mes enfants.

  4. Il prit l'aspect d'un grand ouragan, renversa mon siège et me jeta par terre.

  5. Je restai trois heures à terre, et il me frappa d'une plaie violente, depuis le sommet de ma tête jusqu'aux orteils de mes pieds.

  6. Je quittai la ville dans une grande terreur et un grand malheur, et je m'assis sur un tas de fumier, mon corps étant rongé par les vers.

  7. Je mouillai la terre avec l'humidité de mon corps endolori, car la substance s'écoulait de mon corps, et de nombreux vers le couvraient.

  8. Quand un seul ver se détachait de mon corps, je le remettais en disant: "Reste à l'endroit où tu as été placé, jusqu'à ce que celui qui t'a envoyé t'ordonne d'aller ailleurs.

  9. C'est ainsi que j'ai enduré pendant sept ans, assis sur un tas de fumier en dehors de la ville, le fléau de la peste.

  10. Et je vis de mes propres yeux mes enfants tant désirés portés par des anges dans les cieux.

  11. Et mon humble épouse qui avait été amenée dans la chambre nuptiale dans un grand luxe et avec des archers comme gardes du corps; je l'ai vue faire le travail de porteuse d'eau comme une esclave dans la maison d'un homme du peuple pour gagner un peu de pain et me l'apporter.

  12. Et dans ma grande détresse, je dis: "Oh, que ces fanfarons de chefs de ville, que je ne croyais pas égaux aux chiens de mes bergers, emploient maintenant ma femme comme servante!"

  13. Après quoi, j'ai repris courage.

  14. Mais, par la suite, ils lui refusèrent plus le pain, afin qu'elle ne puisse se nourrir qu’elle seule.

  15. Elle le prit et le partagea entre elle et moi, en disant avec tristesse: "Malheur à moi! Il ne peut plus se nourrir de pain, et il ne peut pas aller au marché demander du pain aux marchands pour me l'apporter afin qu'il mange?

  16. Lorsque Satan apprit cela, il prit l'apparence d'un vendeur de pain, et c'est comme par hasard que ma femme le rencontra et lui demanda du pain, pensant que c'était là un homme ordinaire.

  17. Satan lui dit: "Donne-moi ton prix, et prends ensuite ce que tu veux."

  18. Elle répondit: "Où trouverais-je de l'argent? Ne sais-tu pas quel malheur m'est arrivé? Si tu as de la compassion, montre-le-moi; sinon, tu le sauras."

  19. Il répondit en disant: "Si tu ne méritais pas ce malheur, tu n'aurais pas souffert tout cela.

  20. Maintenant, si tu n'as pas de pièces d'argent dans ta main, donne-moi les cheveux de ta tête et prends trois pains pour cela, afin que tu puisses en vivre pendant trois jours.

  21. Elle se dit alors: "Qu'est-ce qu'un cheveu de ma tête par rapport à mon mari affamé?"

  22. Après avoir réfléchi, elle lui dit: "Lève-toi et coupe-moi les cheveux".

  23. Alors il prit une paire de ciseaux, lui coupa les cheveux de la tête en présence de tous, et lui donna trois pains.

  24. Elle les prit et me les apporta. Satan la suivait sur la route, il se cachait en marchant, et il troublait beaucoup son coeur.


Chapitre 6

  1. Aussitôt, ma femme s'approcha de moi et, pleurant à chaudes larmes, elle dit: "Job! Job! Combien de temps resteras-tu assis sur un tas de fumier, hors de la ville, à réfléchir encore et à espérer obtenir le salut que tu as tant espéré?

  2. J'ai erré de lieu en lieu, j'ai vagabondé comme une servante à gages, et voici que leur souvenir s'est déjà éteint de la terre.

  3. Mes fils et mes filles que j'ai portés dans mon ventre, les douleurs et les peines que j'ai endurées, tout cela n'a servi à rien?

  4. Toi, tu es assis dans un état de mauvaise odeur et les vermines, passant les nuits dans l'air froid.

  5. Et moi, je subis toutes les épreuves, tous les troubles et toutes les souffrances, jour et nuit, afin de pouvoir t'apporter du pain.

  6. Car le surplus de ton pain ne m'est plus permis, et comme je peux à peine prendre ma propre nourriture et la partager entre nous, j'ai réfléchi dans mon cœur qu'il n'était pas juste que tu souffres et que tu aies faim pour avoir du pain.

  7. J'ai donc osé aller au marché sans crainte, et quand le vendeur de pain m'a dit: "Donne-moi de l'argent et tu auras du pain". Je lui fis part de notre état de détresse.

  8. Je l'ai alors entendu dire: "Si tu n'as pas d'argent, donne-moi les cheveux de ta tête et prends trois pains pour que tu puisses en vivre pendant trois jours".

  9. Je cédai à l'injure et lui dit: "Lève-toi et coupe-moi les cheveux!" Il se leva et, dans la honte, coupa avec des ciseaux les cheveux de ma tête sur la place du marché, tandis que la foule se tenait là et s'étonnait.

  10. Qui donc n'etait pas étonné en disant: "Est-ce là Sitis, la femme de Job, qui avait 14 rideaux pour couvrir son salon intérieur, et des battants à l'intérieur des portes, de sorte qu'il était très honorable de s'approcher d'elle, et voici maintenant qu'elle vend ses cheveux pour du pain?

  11. Elle qui avait des chameaux chargés de marchandises, que l'on portait aux pauvres dans les pays lointains, et voici qu'elle vend ses cheveux pour du pain!

  12. Voici celle qui avait dans sa maison 7 tables fixes où mangeaient chaque pauvre et chaque étranger, et voici qu'elle vend sa chevelure pour du pain!

  13. Voici celle qui avait un bassin en or et en argent pour se laver les pieds, et qui maintenant marche sur la poussière et vend ses cheveux pour du pain!

  14. Voici celle dont les vêtements étaient faits de byssus entrelacé d'or, et qui maintenant échange ses cheveux contre du pain!

  15. Voici celle qui avait des lits faits d'or et d'argent, et qui maintenant vend ses cheveux pour du pain!

  16. Voici donc Job, après les nombreuses choses qui m'ont été dites, ce que je te dis en une seule parole:

  17. "Puisque la faiblesse de mon cœur a broyé mes os, lève-toi, prends ces pains et savoure-les, puis prononce une parole contre le Seigneur et meurs!

  18. Car moi aussi, j'échangerais la torpeur de la mort contre la subsistance de mon corps".

  19. Je lui répondis: "Voilà 7 ans que je suis frappé par la peste, que je supporte les vers de mon corps, et que mon âme n'est pas accablée par toutes ces souffrances.

  20. Pour ce qui est de la parole que tu dis: "Dis quelque chose contre Dieu et meurs!", je supporterai avec toi le mal dont tu es témoin, et nous endurerons la ruine de tout ce que nous possédons.

  21. Pourtant, tu veux que nous parlions contre Dieu et que nous le remplacions par le grand Pluton [le dieu du monde souterrain].

  22. Pourquoi ne te souviens-tu pas des grands biens que nous possédions? Si ces biens venaient des terres du Seigneur, ne devrions-nous pas, nous aussi, endurer des malheurs et faire preuve de grandeur d'esprit en toutes choses, jusqu'à ce que le Seigneur ait de nouveau pitié de nous et qu'il nous accorde sa faveur?

  23. Ne vois-tu pas que le séducteur se tient derrière toi, et qu'il confond tes pensées, afin que tu me trompes?

  24. Il se tourna vers Satan et lui dit: "Pourquoi ne viens-tu pas ouvertement à moi? Cesse de te cacher, malheureux!

  25. Le lion montre-t-il sa force dans la cage de la belette? L'oiseau vole-t-il dans la corbeille? Je te le dis maintenant: va-t'en et mène ta guerre contre moi".

  26. Il sortit alors de derrière ma femme et se plaça devant moi en pleurant, et il dit: Voici, Job, je cède et je m'incline devant toi, qui n'es que chair, tandis que je suis esprit.

  27. Tu es en proie à la peste, mais moi je suis dans une grande détresse.

  28. Car je suis comme un homme luttant contre un adversaire qui, dans un combat à mains nues, terrasse son adversaire, le couvre de poussière et lui brise tous ses membres, tandis que celui qui est couché au sol, après avoir fait preuve de courage, pousse des cris de triomphe qui témoignent de sa supériorité.

  29. C'est ainsi, Job, que tu es en bas et que tu es frappé par le fléau et la douleur, et pourtant tu as remporté la victoire dans cette lutte contre moi, et voici que je me soumets à toi.

  30. Puis il me quitta, déconcerté.

  31. Maintenant, mes enfants, montrez-vous aussi un cœur ferme dans tous les maux qui vous arrivent, car la fermeté du cœur est plus grande que tout.


Chapitre 7

  1. En ce temps-là, les rois apprirent ce qui m'était arrivé ; ils se levèrent et vinrent à moi, chacun de son pays, pour me rendre visite et me réconforter.

  2. Lorsqu'ils s'approchèrent de moi, ils poussèrent de grands cris, et chacun d'eux déchira ses vêtements.

  3. Après s'être prosternés, touchant la terre de la tête, ils s'assirent près de moi pendant sept jours et sept nuits, et aucun d'eux ne dit un mot.

  4. Ils étaient au nombre de quatre: Eliphaz, roi de Théman, Balad, Sophar et Elilhu.

  5. Après s'être assis, ils s'entretinrent de ce qui m'était arrivé.

  6. La toute première fois qu’ils étaient venus me voir et que je leur avais montré mes pierres précieuses, ils avaient été frappés de stupeur et avaient dit:

  7. "Si nous, les trois rois, nous réunissons tous nos biens en un seul, ils n'arriveraient pas à la hauteur des pierres précieuses du royaume (de la couronne) de Jobab. Car tu es plus noble que tous les peuples de l'Orient.

  8. Lorsqu'ils arrivèrent au pays d'Ausitis "Uz" pour me rendre visite, ils demandèrent dans la ville: "Où est Jobab, le chef de tout ce pays?"

  9. On leur dit à mon sujet: "Il est assis sur le fumier en dehors de la ville, et cela fait sept ans qu'il n'est pas entré dans la ville".

  10. Ils se renseignèrent encore sur mes biens, et on leur raconta tout ce qui m'était arrivé.

  11. Lorsqu'ils eurent appris cela, ils sortirent de la ville en compagnie des habitants, et mes concitoyens me montrèrent du doigt.

  12. Mais ils protestèrent et dirent: "Ce n'est certes pas Jobab.”

  13. Alors qu'ils hésitaient, Eliphaz, le roi de Théman, dit: "Venez, approchons et vérifions."

  14. Lorsqu'ils s'approchèrent, je me souvins d'eux, et je pleurai beaucoup en apprenant le but de leur voyage.

  15. Je jetai de la terre sur ma tête et, en secouant la tête, je leur révélai que j'étais [Job].

  16. Quand ils me virent secouer la tête, ils se jetèrent à terre, submergés par l'émotion

  17. Et tandis que leurs hôtes se tenaient debout, voici que les trois rois sont restés trois heures à terre, comme morts.

  18. Puis ils se relevèrent et se dirent l'un à l'autre: Nous ne pouvons pas croire que ce soit Jobab".

  19. Enfin, après s'être enquis pendant sept jours de tout ce qui me concernait et avoir cherché mes troupeaux et mes autres biens, ils dirent:

  20. "Ne sait-on pas combien de biens il envoyait dans les villes et les villages alentour pour les donner aux pauvres, en plus de tout ce qu'il donnait dans sa propre maison? Comment donc a-t-il pu tomber dans un tel état de déchéance et de misère?"

  21. Au bout de sept jours, Élihu dit aux rois: "Venez, approchons-nous et examinons-le avec précision, pour savoir si c'est véritablement Jobab ou non."

  22. Ces derniers, qui n'étaient pas à un demi-kilomètre de son corps malodorant, se levèrent et s'approchèrent, tenant des parfums dans leurs mains, tandis que leurs soldats les accompagnaient et jetaient des encens aromatiques autour d'eux pour qu'ils puissent s'approcher de moi.

  23. Après avoir passé trois heures à répandre de l'encens sur le chemin, ils s'approchèrent.

  24. Éliphaz prit la parole et dit: "Job, n'es-tu pas notre compagnon royal? Es-tu celui qui possédait une grande gloire?

  25. Es-tu celui qui jadis brillait sur toute la terre comme le soleil du jour ? Es-tu celui qui ressemblait à la lune et aux étoiles qui brillent dans la nuit?"

  26. Je lui répondis: "C'est moi" et alors tous pleurèrent et se lamentèrent, et ils chantèrent un chant royal de lamentation, toute leur armée se joignant à eux en chœur.

  27. Eliphaz me dit encore: "Es-tu celui qui ordonna de donner 7 000 brebis pour vêtir les pauvres? Où est donc passée la gloire de ton trône?

  28. Es-tu celui qui ordonna à 3 000 bêtes de labourer les champs pour les pauvres? Où est donc passée ta gloire?

  29. Toi qui avais des sièges d'or, tu es assis sur une colline de fumier. Où est donc passée ta gloire?"

  30. Es-tu celui qui avait 60 tables dressées pour les pauvres? Est-ce toi qui avais des encensoirs de pierres précieuses pour les parfums, et qui te trouves maintenant dans un état de puanteur? Où est donc passée ta gloire?

  31. Toi qui avais des chandeliers d'or posés sur des socles d'argent, tu dois maintenant languir pour l'éclat naturel de la lune? "Où est donc passée ta gloire?"

  32. Toi qui avais un onguent fait avec des aromates d'encens, tu es maintenant dans un état de répulsion! Où est donc passée ta gloire?

  33. C'est toi qui riait des injustes et des pécheurs, maintenant tu es devenu la risée de tous!  Où est donc passée ta gloire?

  34. Comme Éliphaz ne cessait de pleurer et de se lamenter, et que tous les autres se joignaient à lui, de sorte que l'agitation était grande, je leur dis:

  35. Gardez le silence, et je vous montrerai mon trône et l'éclat de sa splendeur: Ma gloire sera éternelle.

  36. Le monde entier périra, sa gloire disparaîtra, et tous ceux qui s'y attachent resteront en bas, mais mon trône est dans le monde supérieur, et sa gloire et sa splendeur seront à la droite du Seigneur dans les cieux.

  37. Mon trône subsiste dans la vie des "saints" et sa gloire dans le monde impérissable.

  38. Car les fleuves se dessècheront et leur arrogance descendra jusqu'au fond de l'abîme, mais les ruisseaux de mon pays, où mon trône est érigé, ne se dessécheront pas, mais resteront ininterrompus dans leur force.

  39. Les rois périssent et les chefs disparaissent, et leur gloire et leur orgueil sont comme l'ombre dans un miroir, mais mon Royaume dure pour les siècles des siècles, et sa gloire et sa beauté sont dans le chariot de mon Père).


Chapitre 8

  1. Comme je leur parlais ainsi, Éliphaz se mit en colère et dit aux autres amis: "Pourquoi sommes-nous venus ici avec nos hôtes pour le réconforter? Voici qu'il nous accable de reproches. Retournons donc dans nos pays.

  2. Cet homme est assis ici, dans la misère, rongé par les vers, au milieu d'un état de putréfaction insupportable, et pourtant il conteste son salut: "Les royaumes périront avec leurs chefs, mais mon royaume, dit-il, durera éternellement".

  3. Éliphaz se leva alors dans une vive irritation et, se détournant d'eux avec une grande fureur, il dit: "Je m'en vais. Nous sommes venus pour le réconforter, mais il nous déclare la guerre devant nos armées".

  4. Mais Baldad le saisit par la main et lui dit: "Ce n'est pas ainsi qu'il faut parler à un homme affligé, et surtout à un homme accablé de tant de fléaux.

  5. Voici que nous, qui sommes en bonne santé, nous n'avons pas osé nous approcher de lui à cause de l'odeur nauséabonde, si ce n'est à l'aide d'une abondante odeur parfumée. Mais toi, Éliphaz, tu oublies tout cela.

  6. Je vais te parler franchement. Soyons bienveillants, et cherchons à savoir quelle en est la cause. Le souvenir des jours heureux qu'il a passés ne l'a-t-il pas rendu fou?

  7. Qui ne serait pas tout à fait perplexe en se voyant ainsi sombrer dans le malheur et les fléaux? Mais laissez-moi m'approcher de lui afin que je puisse découvrir la raison pour laquelle il se trouve dans cet état.

  8. Baldad se leva et s'approcha de moi en disant: "Es-tu Job?" et il dit: "Ton cœur est-il encore en bon état?

  9. Je répondis: "Je ne me suis pas attaché aux choses terrestres, car la terre et tout ce qui l'habite sont instables. Mais mon cœur tient fermement au ciel, car il n'y a pas de trouble dans les cieux".

  10. Baldad reprit la parole et dit: "Nous savons que la terre est instable, car elle change selon les saisons. Tantôt elle est en paix, tantôt elle est en guerre. Et nous savons que le ciel est parfaitement stable.

  11. Mais toi, es-tu vraiment serein? Laisse-moi donc interroger et parler, et lorsque tu répondras à ma première parole, j'aurai une seconde question à te poser, et si tu réponds à nouveau par des mots bien posés, il sera manifeste que ton cœur ne s'est pas déséquilibré".

  12. Il dit: "Sur quoi fondes-tu ton espoir?". Je répondis: "Sur le Dieu vivant".

  13. Et il me dit: Qui t'a privé de tout ce que tu possédais? Et qui t'a infligé ces fléaux? " Je répondis: "Dieu".

  14. Il me dit alors: "Si tu places encore ton espoir en Dieu, comment peut-Il se tromper dans son jugement, Lui qui t'a infligé ces fléaux et ces malheurs, et qui t'a enlevé tout ce que tu possédais?

  15. Et puisqu'Il les a pris, il est clair aussi qu'Il ne t'a rien donné. Aucun roi ne déshonore son soldat qui l'a parfaitement servi en tant que garde du corps?

  16. [Je répondis en disant]: "Qui comprend les profondeurs du Seigneur et de sa sagesse pour pouvoir accuser Dieu d'injustice?

  17. [Baldad dit]: "Ô Job, réponds-moi sur ce point. Encore une fois, je te demande: "Si tu es dans un état de raison calme, enseigne-moi si tu as de la sagesse:

  18. Pourquoi le soleil se lève-t-il à l'est et se couche-t-il à l'ouest ? Et de nouveau, au lever du jour, nous le voyons se lever à l'est? Dis-moi quelle est ta pensée à ce sujet.

  19. Je répondis: "Pourquoi trahirais-je les puissants mystères de Dieu? Et ma bouche devrait-elle faillir en révélant des choses qui appartiennent au Créateur? Jamais!

  20. Qui sommes-nous pour nous immiscer dans les affaires du monde supérieur, alors que nous ne sommes que chair, poussière et cendre?

  21. Afin que vous sachiez que mon coeur est sain, écoutez ma question:

  22. La nourriture passe par l'estomac, l'eau se boit par la bouche, puis elle passe par le même gosier, et quand les deux descendent pour devenir des excréments, ils se séparent à nouveau; qui provoque cette séparation?

  23. Et Baldad répondit: "Je ne sais pas. Je repris la parole et lui dis: "Si tu ne comprends même pas les évacuations du corps, comment peux-tu comprendre les voies célestes?".

  24. Sophar répliqua et dit: "Nous ne nous interrogeons pas sur nos propres préoccupations, mais nous voulons savoir si tu es en bonne santé, et nous constatons que ton raisonnement n'a pas été ébranlé.

  25. Que veux-tu que nous fassions pour toi? Nous sommes venus ici avec les médecins de trois rois, et si tu le souhaites, ils pourront te guérir.

  26. Mais je répondis: "Ma guérison et mon rétablissement viendront de Dieu, le Créateur des médecins".


Chapitre 9

  1. Comme je leur parlais ainsi, voici que ma femme Sitis accourut, vêtue de haillons, sortant de chez le maître qui l'avait employée comme esclave, bien qu'il lui eût été défendu de partir, de peur que les rois, en la voyant, ne la prissent comme captive.

  2. Lorsqu'elle arriva, elle se prosterna à leurs pieds en pleurant et en disant: "Souvenez-vous, Eliphaz et vous les autres amis, ce que j'étais autrefois avec vous, et voyez à quel point j'ai changé, comment je suis maintenant habillée pour venir à votre rencontre''.

  3. Les rois se mirent à pleurer à chaudes larmes et, en proie à une grande perplexité, ils gardèrent le silence. Éliphaz prit son manteau pourpre et le jeta autour d'elle pour qu'elle s'en enveloppe.

  4. Mais elle lui demanda: "Je vous prie, seigneurs, d'ordonner à vos soldats de creuser dans les ruines de notre maison, qui sont tombées sur mes enfants, afin que leurs ossements puissent être transportés en bon état dans les tombeaux.

  5. Car nous n'avons, à cause de notre malheur, aucun ressort, et ainsi nous pourrons au moins voir leurs ossements.

  6. Mais, tel un animal, n'ai-je pas le sentiment maternel des bêtes sauvages pour que mes dix enfants aient péri le même jour sans que je puisse donner une sépulture décente à l'un d'entre eux?

  7. Les rois donnèrent l'ordre de déterrer les ruines de ma maison. Mais je m'y opposai en disant:

  8. “Ne vous donnez pas cette peine en vain, mes enfants ne seront pas retrouvés, car ils sont sous la garde de leur Créateur et de leur Maître.

  9. Les rois répondirent et dirent: "Qui contestera qu'il a perdu la tête et qu'il divague?

  10. Nous voulons ramener les ossements de ses enfants, mais il nous l'interdit en disant: "Ils ont été enlevés et confiés à leur Créateur". Prouve-nous donc que cela est vrai.

  11. Je leur répondis: "Relevez-moi pour que je me tienne debout." Ils me soulevèrent en me tenant les bras des deux côtés.

  12. Je me tins debout et fis d'abord les louanges à Dieu. Après la prière, je leur dis: "Regardez avec vos yeux du côté de l'Orient".

  13. Ils regardèrent et virent mes enfants avec des couronnes auprès de la gloire du Roi, le Maître des cieux.

  14. Quand ma femme Sitis vit cela, elle tomba à terre et se prosterna devant Dieu en disant: ''Maintenant je sais que ma mémoire demeure auprès du Seigneur''.

  15. Après avoir dit cela, et le soir venu, elle retourna dans la ville, chez le maître qu'elle servait comme esclave, elle se coucha dans la mangeoire du bétail et y mourut d'épuisement.

  16. Son maître, qui la cherchait et ne la trouvait pas, vint dans la mangeoire de ses troupeaux, et là il la vit étendue sur la paille, morte, tandis que toutes les bêtes qui l'entouraient pleuraient à son sujet.

  17. Tous ceux qui la voyaient pleuraient et se lamentaient, et les cris se répandirent dans toute la ville.

  18. Le peuple la fit descendre, l'enveloppa et l'ensevelit près de la maison qui était tombée sur ses enfants.

  19. Les pauvres de la ville firent un grand deuil à son sujet et dirent: "Voici cette Sitis, dont la noblesse et la gloire ne se trouvaient chez aucune femme. Hélas! Elle n'a pas été jugée digne d'un tombeau digne de ce nom.

  20. L'hymne à sa mémoire se trouve dans les archives.


Chapitre 10

  1. Éliphaz et ceux qui étaient avec lui furent étonnés de ces choses ; ils s'assirent à mes côtés et, pendant vingt-sept jours, ils tinrent à mon égard des propos hautains.

  2. Ils répétaient sans cesse que je souffrais à juste titre pour avoir commis beaucoup de péchés, et qu'il ne me restait plus d'espoir; mais je répondais à ces hommes avec une ardeur de contestation.

  3. Puis ils se mirent en colère, prêts à se séparer dans un esprit de déchaînement. Mais Élihu les conjura de rester encore un peu, jusqu'à ce qu'il leur eût montré ce qu'il en était.

  4. "En effet, dit-il, vous avez passé plusieurs jours à laisser Job se vanter d'être juste; mais moi, je ne le supporterai plus.

  5. Dès le début, j'ai pleuré sur lui, me souvenant de son ancienne prospérité. Mais maintenant, il parle avec vantardise et, avec un orgueil démesuré, en disant qu'il a son trône dans les cieux.

  6. Ecoutez-moi donc, et je vous dirai quelle est la source de son sort.

  7. Puis, imprégné de l'esprit de Satan. Elihu prononça des paroles dures qui sont consignées dans les archives laissées par Elihu.

  8. Après qu'il eut terminé, le Seigneur m'apparut dans une tempête et dans les nuages, et parla, blâmant Élihu et me montrant que celui qui avait tenu ces propos n'était pas un homme, mais une bête sauvage.

  9. Quand le Seigneur eut fini de me parler, il s'adressa à Éliphaz: "Toi et tes amis, vous avez péché en ne disant pas la vérité sur mon serviteur Job.

  10. Levez-vous donc et demandez-lui de présenter pour vous un sacrifice d'expiation, afin que vos péchés soient pardonnés; car, sans lui, je vous aurais fait périr".

  11. Ils m'apportèrent donc tout ce qui se rapporte au sacrifice, je le pris et j'offris pour eux un sacrifice d'expiation, que le Seigneur accueillit favorablement et pardonna leur faute.

  12. Lorsque Eliphaz, Baldad et Sophar virent que le Seigneur avait gracieusement pardonné leur péché par l'intermédiaire de son serviteur Job, mais qu'il n'avait pas agréé de pardonner à Elihu, Eliphaz se mit à chanter un hymne, auquel les autres participèrent, leurs soldats se joignant à eux et se tenant debout près de l'autel.

  13. Eliphaz prit alors la parole: "Le péché est ôté, et notre injustice a disparu;

  14. Mais Elihu, le méchant, n'aura plus de souvenir parmi les vivants; sa lampe s'est éteinte et a perdu sa lumière.

  15. La gloire de sa lampe se manifestera pour lui, car il est fils des ténèbres et non de la lumière.

  16. Les gardiens du séjour des ténèbres lui donneront en partage leur gloire et leur beauté; sa royauté a disparu, son trône s'est flétri, et l'honneur de sa stature est dans le séjour des morts.

  17. Il a aimé la beauté du serpent et les écailles du dragon; son fiel et son venin appartiennent à l'homme du Nord (Zphuni = Vipère).

  18. Car il ne s'est pas attaché à l'Éternel et ne l'a pas craint, mais il a haï ceux que l'Éternel avait choisis (connus).

  19. C'est ainsi que le Seigneur l'a oublié, que "les saints" l'ont abandonné, que sa colère et sa fureur seront pour lui une désolation, et qu'il n'aura ni pitié dans son coeur ni paix, parce qu'il avait sur sa langue le venin d'une vipère.

  20. Le Seigneur est juste, et ses jugements sont véritables. Il n'y a pas chez lui d'acception de personnes, car il juge tout le monde de la même manière.

  21. Voici le Seigneur qui vient! Les "saints" sont prêts: Les couronnes et les prix des vainqueurs les précèdent!

  22. Que les saints se réjouissent, que leurs cœurs exultent d'allégresse, car ils recevront la gloire qui leur est réservée.

  23. En chœur. Nos péchés sont pardonnés, notre injustice est purifiée, mais Elihu n'a plus de souvenir parmi les vivants".

  24. Après qu'Eliphaz eut terminé le cantique, nous nous levâmes et nous retournâmes dans nos villes respectives, chacun dans la maison qu'il habitait.

  25. Le peuple fit un festin en mon honneur, en signe de reconnaissance et de louange à l’Éternel, et tous mes amis me rejoignirent.

  26. Alors tous ceux qui m'avaient connu dans mon ancien état de bonheur, m'interrogèrent en disant: "Quelles sont ces trois choses qui sont ici parmi nous?"


Chapitre 11

  1. Mais moi, désireux de reprendre mon travail de bienfaisance envers les pauvres, je leur fit cette requête:

  2. "Donnez-moi chacun un agneau pour vêtir les pauvres dans leur état de nudité, et quatre drachmes d'argent ou d'or.

  3. Le Seigneur bénit tout ce qui me fut donné, et peu de jours après, je redevins riche en marchandises, en troupeaux et en toutes choses que j'avais perdues, et je regagnai le double de ce que j'avais perdu.

  4. Je pris aussi pour femme votre mère, et je devins père de vous dix, à la place des dix enfants qui étaient morts.

  5. Et maintenant, mes enfants, permettez-moi de vous exhorter: "Voici que je meurs. Vous prendrez ma place.

  6. Seulement, n'abandonnez pas le Seigneur. Soyez charitables envers les pauvres, ne négligez pas les faibles. Ne vous prenez pas pour femmes des étrangères.

  7. Voici, mes enfants, je vais partager entre vous mes biens, afin que chacun soit maître des siens et puisse faire le bien avec sa part".

  8. Après avoir ainsi parlé, il apporta tous ses biens et les partagea entre ses sept fils, mais il ne donna rien de ses biens à ses filles.

  9. Celles-ci dirent à leur père:"Notre seigneur et père! Ne sommes-nous pas aussi tes enfants? Pourquoi donc ne nous donnes-tu pas aussi une part de tes biens?"

  10. Job dit alors à ses filles: "Ne vous fâchez pas, mes filles, je ne vous ai pas oubliées. Voici que je vous réserve un bien meilleur que celui qu'ont pris vos frères".

  11. Il convoqua sa fille, qui s'appelait Day (Yemima), et lui dit: "Prends ce double anneau qui te sert de clé, va à la maison du trésor et rapporte-moi le coffret d'or, afin que je te remette ton bien.

  12. Elle alla le lui apporter; il l'ouvrit et en sortit des ceintures à trois cordes dont personne ne pouvait dire ce qu'elles étaient.

  13. Car ce n'était pas un ouvrage terrestre, mais des étincelles de lumière céleste les traversaient comme les rayons du soleil.

  14. Il donna une corde à chacune de ses filles et dit: "portez-les comme des ceintures autour de vous, afin qu'elles vous entourent tous les jours de votre vie et qu'elles vous comblent de bienfaits".

  15. L'autre fille, qui s'appelait Kassia, dit: "Est-ce là le bien dont tu dis qu'il est meilleur que celui de nos frères? Qu'en est-il maintenant? Pouvons-nous vivre de cela?"

  16. Et leur père leur dit: "Non seulement vous avez ici de quoi vivre, mais ces biens vous conduiront dans un monde meilleur où vous pourrez vivre, dans les cieux.

  17. Ou bien ne comprenez-vous pas, mes enfants, la valeur de ces choses qui sont ici? Écoutez donc! Lorsque le Seigneur me jugea digne dans sa compassion d'ôter de mon corps les fléaux et les vers, il m'appela et me remit ces trois cordes.

  18. Il me dit: "Lève-toi et ceins tes reins comme un homme; je vais te requérir et te faire connaître".

  19. Je les pris et les ceignis autour de mes reins, et aussitôt les vers quittèrent mon corps, de même que les plaies, et tout mon corps reprit des forces par la puissance du Seigneur, et c'est ainsi que ma vie continua, comme si je n'avais jamais souffert.

  20. Mais aussi, au plus profond de mon cœur, j'oubliais les douleurs. Alors le Seigneur me parla dans sa grande puissance et me montra tout ce qui était et tout ce qui sera.

  21. Maintenant, mes enfants, si vous gardez ceci, l'ennemi ne complotera pas contre vous et vous n'aurez pas de mauvaises intentions dans votre esprit, car c'est une protection ( Phylactère ) de la part du Seigneur.

  22. Levez-vous donc et ceignez-les avant que je ne meure, afin que vous puissiez voir les anges assister à mon départ et que vous puissiez contempler avec émerveillement les puissances de Dieu".

  23. Alors celle qui s'appelait Day (Yemima) se leva et se ceignit; et aussitôt elle quitta son corps, comme le lui avait dit son père, et elle se revêtit d'un autre cœur, comme si elle ne s'était jamais préoccupée des choses terrestres.

  24. Elle entonnait des hymnes angéliques avec une voix d'ange, et elle chantait la louange céleste de Dieu en dansant.

  25. L'autre fille, nommée Kassia, revêtit la ceinture, et son cœur fut transfiguré, de sorte qu'elle ne désirait plus les choses terrestres.

  26. Sa bouche prit le dialecte des chefs célestes (Archontes) et elle se mit à chanter la doxologie des œuvres des lieux célestes, et si quelqu'un veut connaître les œuvres des cieux, il peut se référer aux hymnes de Kassia.

  27. Alors l'autre fille, nommée Corne d'Amalthée (Keren Happukh), se ceignit et sa bouche se mit à parler dans la langue de ceux qui sont en haut, car son cœur avait été transfiguré, et élevé au-dessus des choses de ce monde.

  28. Elle parlait dans le dialecte des Chérubins, chantant les louanges du Chef des puissances cosmiques (vertus) et exaltant leur (Sa ?) gloire.

  29. Et celui qui veut suivre les vestiges de la "Gloire du Père" les trouvera inscrits dans les Prières de la Corne d'Amalthée.


Chapter 12

  1. Après que ces trois-là eurent achevé de chanter des cantiques, moi, Nahor (Néros), frère de Job, je m'assis à côté de lui, pendant qu’ il était couché.

  2. Et j'entendis les merveilles des trois filles de mon frère, l'une succédant toujours à l'autre malgré le terrible silence.

  3. Alors j'écrivis ce livre qui contient les cantiques, sauf les hymnes et les miracles de la Parole [sainte], car ce sont les grandes merveilles de Dieu.

  4. Job s'étendit sur sa couche, sans souffrance, parce que la douleur ne l'atteignait plus, à cause des vertus de la ceinture qu'il s'était mise autour du cou.

  5. Au bout de trois jours, Job vit les saints anges venir chercher son âme; il se leva aussitôt, prit la cithare et la donna à sa fille Day (Yemima).

  6. Il donna à Kassia un encensoir (avec du parfum = Kassia) et à la corne d'Amalthée (= musique) un tambourin, afin de bénir les saints anges qui venaient chercher son âme.

  7. Elles les prirent, chantèrent, jouèrent du psaltérion, louèrent et glorifièrent l'Eternel dans le saint dialecte.

  8. Après cela, vint Celui qui est assis sur un grand char, il embrassa Job, sous les yeux de ses trois filles, mais les autres ne le virent pas.

  9. Il prit l'âme de Job et s'éleva, la prenant par le bras et la portant sur le char, et il se dirigea vers l'Orient.

  10. Quant à son corps, il fut transporté au tombeau, tandis que ses trois filles marchaient devant, ayant mis leurs ceintures et chantant des hymnes de louange à Dieu.

  11. Alors Nachor (Néréos), son frère, et ses sept fils, avec le reste du peuple et les pauvres, les orphelins et les infirmes, firent un grand deuil à son sujet, en disant:

  12. "Malheur à nous, car on nous a enlevé aujourd'hui la force des faibles, la lumière des aveugles, le père des orphelins;

  13. On nous a enlevé le récepteur des étrangers, le guide des égarés, la couverture des nus, le bouclier des veuves. Qui ne pleurera pas l'homme de Dieu?

  14. Et comme ils se lamentaient ainsi, ils ne voulaient pas qu'on le mette dans la tombe.

  15. Au bout de trois jours, il fut enfin enseveli, comme quelqu'un qui dort d'un doux sommeil, et il reçut le nom de bienfaiteur (beau), qui restera célèbre dans toutes les générations du monde.

  16. Il laissa sept fils et trois filles, et il n'y eut pas sur terre de filles aussi belles que celles de Job.

  17. Anciennement appelé Jobab, il fut surnommé Job par l'Éternel.

  18. Il vécut 85 ans avant l'épidémie, et après l'épidémie il eut le double de la part de tous; c'est pourquoi il doubla ses années, ce qui fait 170 ans. Il vécut donc en tout 255 ans.

  19. Il vit les descendants de ses fils jusqu'à la quatrième génération. Il est écrit qu'il se lèvera avec ceux que le Seigneur réveillera.


Gloire à notre Seigneur. Amen.


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